VOS MAINS, MADAME...
Vos mains, Madame, vos mains, aux longs doigts effilés,
A la pâleur extrême jusqu’à la transparence,
Aux ongles féminins couronnant d’élégance
Toute cette beauté teintée de majesté.
Leur immobilité les rendait très profondes
Permettant d’observer les détails de chacune,
Les pores de la peau, parfois couleur de prune,
Lorsqu’elle recouvrait de jolies veines rondes.
Mais le plus merveilleux et le plus enivrant
C’était leurs mouvements, car les yeux fascinés
Se laissaient emporter dans la danse endiablée
Qu’offraient, par dessus tout, les gestes les plus lents.
Et quand, par dévotion, s’entrecroisaient leurs doigts
Pour ne faire qu’un corps habité par une âme,
Qui n’aurait pas voulu, devant ces mains de femme,
Etre, pour un instant, le Jésus de la Croix ?
A gauche, l’annulaire arborait une alliance…
Quelqu’un donc existait qui pouvait à l’envi
Jouir, pour lui tout seul, de ces deux mains bénies,
De leur calme douceur, de leur douce fragrance…
Il est à espérer que l’élu de ces mains
Ait su trouver un jour le chemin de leurs cœurs
Afin de profiter de l’immense bonheur
Qui devait être atteint dans les moments câlins…
C’était dans une église, un jour de funérailles ;
Il y faisait très froid mais je me souviens bien
N’avoir, de cette femme, connu que ses deux mains.
C’est un beau souvenir qui toujours me tenaille…
Robert FAUCHER, le 19 septembre 2004.