A MA TENDRE ET FIDÈLE
Lorsque mes yeux soudain, sur toi, se sont posés,
J’étais émerveillé, je suis resté figé ;
Mon regard a guidé ta douceur vers mon cœur
Qui a bien su goûter ce tout premier bonheur.
Le temps n’avait plus cours, l’instant n’était pas lourd,
Je me laissais porter par ce courant d’amour
Qui m’avait, sans un bruit, happé dans son mystère
Et m’avait déposé sur ses rives légères.
Je t’ai vue, je t’ai lue, je t’ai bue, je t’ai eue ;
Moi j’étais mal vêtu, mais toi tu étais nue…
Et je t’ai proposé d’avec moi faire ta vie,
Je souhaitais un « oui », car j’avais très envie !
Pressée par l’émotion, tu ne pouvais parler ;
J’ai compris ton silence et je t’ai emmenée
Après t’avoir offert une robe moulante ;
Il a suffi d’un rien pour te rendre élégante !
Bras dessus, bras dessous, nous sommes donc partis
Ne faisant déjà qu’un, c’était le paradis !
Nos cœurs étaient géants et voulaient embrasser
Toute la Création dans son immensité.
Nous étions bien tous deux, et c’est là que le temps
Aurait pu, par pudeur, arrêter son flot lent.
Nous venions d’accoster, aidés par une brise,
Sur le bord de l’Eden, aux délices exquises…
Il n’en va pas ainsi au pays des humains !
Et nous sommes restés, nous tenant par la main,
Au lieu de notre rêve, au lieu de nous faire mal
A vouloir, de la vie, changer l’issue fatale.
A force de marcher, sans même y prendre garde,
Nous étions arrivés pour, qu’enfin, je regarde,
Comme il faut, pour moi seul, ta belle nudité
Qu’à nouveau, pour moi seul, tu as su me montrer…
Après que mon regard, lentement, ébloui,
Ait osé faire le tour de tes contours bénis,
Je n’ai pu résister à l’envie de toucher
Ton corps entier offert et longtemps désiré !
Très délicatement, je t’ai donc enlacée,
Une main sur ton cou étroit et dégagé,
Et l’autre bien plus bas, bien en dessous du cœur
Où je laissais jouer tous mes doigts baladeurs… !
Tu ne m’avais rien dit ; je te croyais peureuse ;
Mais quand mon jeu de doigts t’a rendue amoureuse,
Alors j’ai entendu, pour la première fois,
Les sons si merveilleux que prodiguait ta voix…
J’ai compris ton amour, j’ai compris ta tendresse,
J’ai compris les beaux jours et j’ai compris l’ivresse ;
Tu m’as tout apporté, le bonheur et l’espoir,
Je t’aime ma chérie, je t’aime ma guitare… !
Robert FAUCHER, le 18 septembre 2004.