ARBRE, MON AMI...
Tu as su par ta grâce et ta grande beauté
Arrêter mon regard, inspirer ma pensée.
Tu résides tout seul au flanc d’une colline
Devant une maison très vieille et très câline.
Au pied de ton vieux tronc, des arbustes ont poussé,
Donnant le sentiment de vouloir t’élever,
Te hausser vers le ciel, comme des serviteurs
Tout heureux d’être tes petits garçons d’honneur.
Quand le temps orageux, noir et plein de mystères,
Annonce vifs éclairs et grands coups de tonnerre,
Le vent, de son pouvoir, te force à t’incliner
Devant dame nature qui agit à son gré.
Les jours de canicule et de soleil brûlant,
Quand il n’y a pas d’eau, que l’air est suffocant,
Tu dois subir encore ces assauts ravageurs
Qu’il te faut dominer pour en être vainqueur.
Et puis, discrètement, ton habit va changer ;
De franc vert que tu es, tu vas te transformer
En jaunâtre et doré, pour devenir marron,
Et nous montrer qu’on a bien changé de saison.
Quand la bise et la glace et la neige et le froid
Se seront acharnés, que tu seras la proie
De leurs méchants ébats, ils laisseront ton corps
A son triste destin car le tenant pour mort.
C’est alors que du froid, tu sentiras l’étau
Desserrer ses mâchoires, et puis qu’un peu de chaud
Du tréfonds de la terre, en remontant le tronc,
Saura bien titiller tous tes petits bourgeons.
De cette léthargie tu sortiras gagnant ;
Tu as peur, mais il en va ainsi tous les ans.
Et tes fleurs et tes feuilles et tes fruits très jolis
Chanteront à nouveau le grand air de la vie…
Robert FAUCHER, le 17 août 2004.