SOUVENIR DU MARAIS POITEVIN
Ce poème a obtenu, en 2013, le TROISIEME PRIX lors d'un concours international de poésie de langue française organisé en Charente-Maritime.
La barque pourfendait cette nappe immobile :
Pas le moindre murmure, pas un son, pas un bruit,
Pas la moindre caresse d’une brise fragile :
Le jour s’était drapé des mystères de la nuit…
L’avancée déflorait cette étrange beauté
En laissant de côté les rides douloureuses
D’une onde involontaire qui allait réveiller
Quelques tiges noyées, quelques branches pleureuses…
La nature sécrétait un silence troublant
Qui savait enseigner le for de la conscience…
Tout semblait endormi et tout semblait parlant :
Ce discours si muet respirait l’éloquence…
On avait l’impression, dans ce décor figé,
De venir violenter une carte postale
Et voler des instants de noble intimité
En déchirant l’hymen d’une tendre vestale…
Des passages secrets s’ouvraient timidement
Sous le gré insolent de la perche rigide :
Ils offraient leur candeur en cachant tristement
Le poids de leur blessure sous des élans frigides…
Quelque peu au-dessus, les arbres entremêlaient
Leurs branches résignées en voûte de verdure…
Quelquefois une feuille, épuisée, en tombait :
Elle avait un miroir pour douce sépulture…
Nature silencieuse, peux-tu continuer
A soumettre l’esprit, à transcender le Vrai,
A cacher des trésors sous tes belles nuées
Et à montrer la Vie qui est dans le marais… ?
Robert FAUCHER, le 25 janvier 2013.