TU VEUX PARTIR... ?
QUELQUES MOTS NÉCESSAIRES D’EXPLICATION : le poème que je publie ce jour est né du drame vécu par un proche, lorsqu’il a été abandonné subitement par sa femme dont il était très amoureux. Sa douleur, par forte empathie, a été beaucoup la mienne, sans qu’il le sache vraiment, et m’a inspiré ces quelques vers que j’ai écrits pour lui mais que je n’ai jamais eu le courage de lui transmettre… Je vous en fais donc le présent aujourd’hui…
…Tu ne vas pas partir, comme ça, maintenant,
Après toutes ces nuits, ces jours et ces années
Où l’on s’est supportés mais aussi tant aimés… ?
Tu sais, on ne peut pas toujours avoir vingt ans…
...Et que rejettes-tu par cette décision... ?
Et bien ta propre vie que tu ne comprends pas,
Tes interrogations qui minent l’ici-bas,
Et tes premières rides qui creusent leurs sillons…
…Crois-tu que tout plaquer va changer ton présent,
Et trahir le passé, est-ce la solution… ?
Tu verras que ton choix n’est que pure illusion ;
Tes soucis et tes doutes seront toujours pesants…
…Tu ne peux pas partir, comme ça, maintenant,
Après tous ces projets, ces rêves caressés
Où l’on a tant bâti mais aussi déchanté… ?
Tu sais, on ne peut pas toujours être gagnants…
…Et qui rejettes-tu par cette décision… ?
Moi-même en premier lieu, qui suis mari et père
Mais qui suis avant tout, un bon bouc émissaire
Chargé de tout le poids de tes désillusions…
…Crois-tu que me quitter va te rendre légère,
Plus jeune et plus jolie, telle une demoiselle… ?
Mais regarde, du temps, l’outrage sur tes ailes !
Le livre de la vie ne se lit à l’envers…
…Tu ne dois pas partir, comme ça, maintenant,
Après avoir construit une vie de famille
Où l’on a tant donné à nos garçons et filles… ?
Tu sais, on ne sait pas toujours être parents…
…Où te projettes-tu par cette décision… ?
As-tu un paradis où élire domicile ?
As-tu trouvé un dieu qui serait ton vigile ?
Peut-être ne t’es-tu pas posé de questions… !
…Crois-tu que, de zéro, chacun peut repartir
Parce qu’il l’a décidé, tout seul et un beau jour… ?
Il faut absolument regarder alentour
Pour que des innocents ne soient pas des martyrs…
…Et n’as-tu pas compris que notre vie se fait
Mais ne se refait pas, que l’autre n’est pas mieux
Parce que ça n’est qu’un homme et surtout pas un dieu :
L’Ailleurs n’a pas d’Eden et demeure imparfait…
…Et si tu relisais les « Illusions perdues » ?
Tu pourrais, à ton âge, en tirer grand profit,
Et voir que les fleurs bleues ont été bien cueillies,
Et depuis tant d’années qu’elles ne reviendront plus… !
…Il faudrait seulement acquérir la Sagesse
Pour faire avec son temps sans se croire éternel ;
Ca n’est plus fait pour toi de croire au Père Noël
Et il ne faudrait pas accroître ta détresse…
…Alors réfléchis bien, car si, dans le contrat,
C’est un coup de canif qui te fait tout quitter,
Tu vas, pour l’avenir, hélas le transformer
En vrai coup de poignard aussi méchant qu’ingrat…
…Si tu peux marier ta raison à ton cœur
Tu comprendras alors que la vie n’est qu’espoir,
Qu’il n’y a rien d’acquis pas plus que de grand soir,
Qu’il faut se contenter de miettes de bonheur…
…Ne pars donc surtout pas, tu ne trouveras rien…
Rien de plus, rien de mieux, tu ne dois rien attendre ;
Apprécie, de la vie, la face plutôt tendre
Qui s’offre, quelquefois, au hasard d’un chemin…
…Reste donc où tu es, tu y es en lieu sûr
Et fais ce que tu veux, car cette liberté
Est souvent essentielle quand on sait en user
Sans trop en abuser, tout est dans la mesure…
…Mais si tu veux partir, et bien, tant pis pour toi…
Robert FAUCHER, le 5 décembre 2010.