UNE SECONDE

Délicate seconde, peux-tu me délivrer

L’arcane de ta vie, si fragile et si brève

Que j’aimerais tenir, un peu comme en un rêve,

Dans le creux de ma main pour pouvoir l’observer ?

Le temps de te penser et tu n’es déjà plus…

Et ta sœur qui te suit subit le même sort,

Et puis celle d’après, et tant d’autres encore,

Petit brin d’infini bien trop tôt disparue…

Et si tu décidais de prendre une minute

Pour sortir de ta chaîne et jouir de ta vie,

Te laisser succomber au gré de tes envies,

Pour prendre du plaisir et pour que l’on discute ?

Mais tu ne le peux pas puisque le temps, c’est toi… !

Je n’ai fait que sentir ton souffle et ta caresse

Avant que tu t’envoles et que tu disparaisses

En ayant déposé ton empreinte sur moi…

Mais dis donc, où es-tu et que peux-tu bien faire

Depuis que tu m’as fui sans même un au revoir,

Me laissant à mes pleurs et à mon désespoir ?

Vis-tu au paradis ou dans le triste enfer ?

Tu ne reviendras pas ; je ne te verrai plus…

Je subis, de tes sœurs, leur offrande sauvage

Pesant au fond de moi chacune davantage

En volant de ma vie sous leurs airs ingénus !

Tu as beau te cacher, j’écoute ton silence…

Mais sache bien qu’un jour, je ne peux te dire quand,

J’irai te retrouver bien au-delà du temps

Et je pourrai t’aimer sans que cela t’offense… !

Robert FAUCHER, le 10 décembre 2005.