LE PETIT RU
Le petit ru joyeux a très bon caractère !
Il a creusé son lit dans un sillon de terre
Qui l’emmène, au hasard de quelques douces pentes,
Courtiser l’herbe grasse, les fleurs et puis les plantes.
Dans le frais du matin, au sortir de la nuit,
Il charme la nature de son doux clapotis,
Lui disant, à l’oreille, que le soleil se lève
Et qu’il faut, lentement, que son sommeil s’achève.
Il la voit, peu à peu, tendrement s’étirer,
S’animer de nouveau et se mettre à vibrer,
Etalant tous ses jaunes, ses verts et puis ses mauves,
Et plein d’autres couleurs dans les tons un peu fauve.
Il est toujours content ! Il chante tout le temps !
Il aime accompagner la musique du vent
Qui s’engouffre partout, caressant les feuillages,
Et donnant aux oiseaux l’élan de beaux ramages.
Il cache dans son cœur de fabuleux trésors
Car tout semble d’argent, tout paraît cousu d’or…
Un vulgaire caillou devient pierre précieuse
Au gré de son courant, de son eau facétieuse !
Il donne de la vie au monde inanimé
Par ses reflets changeants et son onde moirée,
Et donne de sa vie aux hommes et aux bêtes
Qui ont soif, haletant, quand la chaleur entête…
Quand l’hiver est venu et que tout semble mort,
On n’entend plus que lui dans tout ce blanc décor,
Qui trouve dans le froid la force de chanter
Sans trembler, sans faillir, comme au bleu de l’été…
Et lorsque vient le soir et que tout devient noir
Et que règne la lune au son du désespoir,
Il réussit encore à voler sa lueur
Dont il sait se draper pour chanter le bonheur…
Comme il est merveilleux ce petit ru d’amour
Pour qui sait l’observer dans ses moindres contours…
Et le jour, et la nuit, en hiver, en été,
Prêtez-lui votre oreille et laissez-vous charmer… !
Robert FAUCHER, le 30 novembre 2005.