Canalblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les synthèses de Robert

Synthèse des Incongruités de la Raison

Abolition des privilèges

 

PREMIÈRE SYNTHÈSE

 

LES PRIVILÈGES DES

INTERMITTENTS DU SPECTACLE

 

 

I/ LA NAISSANCE DU STATUT D’INTERMITTENT

 

Les productions des entreprises du spectacle sont souvent par nature limitées dans le temps, ce qui les amène à contracter avec des artistes, ouvriers ou techniciens, sur des périodes définies, quand bien même elles salarient éventuellement par ailleurs du personnel « permanent », en contrat à durée indéterminée. Elles peuvent engager un artiste ou un technicien, dans le cadre d'une production, pour un contrat d'une journée ou plus. En France, toutes ces personnes sont salariées, ce qui représente un coût global très important car elles n'exercent pas en tant que professionnels libéraux, contrairement à ce qui se pratique de plus en plus dans d'autres pays européens comme l’Allemagne, l’Italie ou le Royaume-Uni qui n'ont pas de régime d'assurance chômage spécifique pour les emplois correspondants à ceux des « intermittents du spectacle » français.

Cette situation particulière de succession de contrats à durée déterminée et d’une alternance de périodes d'emploi et de chômage, a amené les partenaires sociaux siégeant à l’UNEDIC à aménager des dispositifs particuliers quant à leur accessibilité aux droits d'indemnité chômage.

En 1936 est créé le régime salarié intermittent à employeurs multiples pour les techniciens et cadres du cinéma. Ce régime est encouragé par les producteurs de cinéma qui, à l'époque, ne trouvaient pas de techniciens ni d’artisans et d’ouvriers dans diverses corporations : menuisiers, peintres, décorateurs, ensembliers… Ceux-ci préféraient travailler chez un patron de manière fixe et stable avec une paye toute l'année, d'où la difficulté pour le cinéma de trouver du personnel pour des périodes courtes et ponctuelles. Avec l’instauration de ce régime particulier, ils pouvaient travailler pour des films quelques mois et le reste du temps, une caisse leur donnait une indemnité pour continuer à vivre et surtout à être disponibles. Le nombre de personnes concernées était à l'époque très modeste.

 

 

II/ L’ÉVOLUTION POSTÉRIEURE DU STATUT D’INTERMITTENT

 

1°) En 1965 fut mise en place une annexe 8 au régime général d'assurance chômage qui s'applique au secteur cinématographique : elle est ensuite étendue aux techniciens du disque et de l'audio-visuel ;

2°) En 1969, fut mise en place une annexe 10 au régime d’assurance chômage qui s’applique aux artistes interprètes ; elle est ensuite étendue aux  techniciens du spectacle vivant ;

3°) En 1992, ces deux annexes sont renégociées en vue de corriger le déficit financier de l'assurance chômage ;

4°) En 1998, un accord interbranches est conclu pour permettre l'utilisation d'un contrat de travail à durée déterminée « d'usage », communément appelé le « CDD d’usage » ;

5°) S’ensuit une période de crise qui culmine à l'été 2003 ;

6°) Le 26 juin 2003, un protocole d’accord est signé entre le MEDEF et trois centrales syndicales, en vertu duquel les annexes 8 et 10 au régime d’assurance chômage sont modifiées ; ces accords concourent au rétablissement de l'équilibre financier du régime d'assurance chômage.

La CGT,, qui est fortement représentée dans ces catégories professionnelles, conteste le contenu de ces accords, considérant qu'ils dégradent les conditions d'indemnisation des intermittents du spectacle, de la production cinématographique et de l'audiovisuel, sans contribuer au rétablissement de l'équilibre du régime d'assurance chômage, ni remédier aux nombreux abus et fraudes qui seraient, selon elle, la cause essentielle de l'écart croissant entre les cotisations acquittées par ces professions et les prestations versées.

Au cours de l'été 2003, des grèves très suivies entraînent l'annulation de grands festivals d'été : Montpellier, Aix-en-Provence, Avignon, Francofolies.

Depuis lors, cette réglementation est régulièrement renégociée au sein de l’UNEDIC de façon paritaire par les partenaires sociaux : les organisations et syndicats représentatifs des employeurs, dont le MEDEF et la CGPME, et des salariés, dont la fédération CGT du spectacle.

 

 

III/ EN QUOI CONSISTE CE STATUT D’INTERMITTENT ?

 

1°) Les intermittents du spectacle sans emploi peuvent bénéficier, sous certaines conditions, d'une allocation d'aide au retour à l'emploi (ARE) communément appelée allocation chômage. L'indemnisation dépend de la rémunération perçue lors des périodes d'activité et du nombre d'heures précédemment travaillées.

Pour bénéficier de l'ARE, le salarié intermittent du spectacle doit justifier d'une période d'emploi auprès d'un ou plusieurs employeurs, dite période d'affiliation, d'au moins 507 heures de travail au cours :

- soit des 304 jours correspondant à la période de référence, équivalente à 10 mois, précédant la fin de son contrat de travail, pour un ouvrier ou un technicien ;

- soit des 319 jours, soit 10 mois et demi, précédant la fin de son contrat de travail, pour un artiste

À titre de comparaison, le régime général pour l'allocation chômage demande 122 jours d'affiliation ou 610 heures de travail au cours des 28 derniers mois pour les moins de 50 ans ou 36 mois pour les 50 ans et plus.

Le système de protection d'assurance chômage repose sur la solidarité interprofessionnelle et la mutualisation des risques entre les employeurs et les salariés, tous secteurs et catégories professionnelles confondus.

Le calcul du coût ou déficit d'une annexe au régime général est source régulière de désaccords. Ainsi plusieurs organismes partant des mêmes chiffres n'arrivent pas aux mêmes conclusions.

La méthode de calcul de la Cour des Compte consiste à calculer le rapport entre les cotisations des intermittents par rapport au coût des indemnités versées. Cette méthode est dénoncée régulièrement par les syndicats car contraire au principe de solidarité entre les secteurs professionnels.

Selon les chiffres fournis par Pôle Emploi pour l’année 2014, seuls 38 % des intermittents sont indemnisés, les 62 % restants cotisant pour les annexes mais ne bénéficiant pas des indemnisations à cause d'un nombre d'heures insuffisant. Le nombre de cotisants sous contrat d'annexe 8 et 10 a donc bien augmenté ces dernières années, mais le nombre d'intermittents indemnisés est resté stable depuis 10 ans.

Le nombre d'heures de travail retenues ne peut pas dépasser 208 heures par mois civil.

La date de fin du contrat de travail prise en compte est celle du dernier emploi occupé.

Toutefois, le salarié qui ne justifie pas, au cours de son dernier emploi, des 507 heures exigées, peut bénéficier néanmoins de l'ARE :

- s'il n'a pas démissionné de cet emploi ;

- et, pour un ouvrier ou un technicien, s'il justifie des 507 heures d'affiliation pour une durée d'affiliation majorée de 50 heures par période de 30 jours au-delà du 304e jour précédant la fin du contrat de travail ;

- pour un artiste, s'il justifie des 507 heures d'affiliation pour une durée d'affiliation majorée de 24 heures par période de 30 jours entre le 319e et le 335e jour précédant la fin du contrat de travail, puis majorée de 48 heures au-delà du 335e jour.

 

2°) les périodes prises en compte

Les heures de travail prises en compte pour calculer l’allocation chômage sont exclusivement celles effectuées en qualité d'artiste, d'ouvrier ou technicien du spectacle, dans la limite de 48 heures de travail par semaine.

Sont néanmoins prises en compte les périodes suivantes :

- congé de maternité ou d'adoption situé en dehors du contrat de travail, à raison de 5 heures par jour ;

- congé pour accident du travail qui se prolonge à l'issue du contrat de travail, à raison de 5 heures par jour ;

- formation non rémunérée par l'Assurance chômage, dans la limite de 338 heures ;

- pour les artistes, les heures d'enseignement dispensées dans le cadre d'un contrat de travail établi par un établissement d'enseignement agréé sont prises en compte dans la limite de 55 heures (90 heures pour les allocataires de plus de 50 ans). Le nombre d'heures retenues réduit d'autant les heures assimilables au titre de la formation.

Les périodes de maladie indemnisées par la Sécurité sociale situées hors du contrat de travail allongent d'autant la période de recherche des 507 heures d'affiliation.

Les périodes de formation continue et de validation des acquis de l'expérience (à l'exception de celles rémunérées par Pôle emploi) sont assimilées à des heures de travail dans la limite des 2/3 des 507 heures d'affiliation requises.

Pour les ouvriers et techniciens, en cas de fin de contrat pour fermeture définitive d'un établissement ou pour interruption du tournage d'un film, la durée non exécutée du contrat de travail est prise en compte, pour le calcul de la durée d'affiliation, comme durée de travail effective jusqu'à la date d'effet d'un nouveau contrat de travail.

 

3°) rémunération au forfait ou au cachet

Lorsque l'activité des artistes est déclarée sous forme de cachets ou de rémunération forfaitaire, chaque cachet est comptabilisé comme équivalent à :

- 8 heures par cachet, pour un cachet groupé, à partir de 5 jours consécutifs chez le même employeur ;

- 12 heures par cachet pour un cachet isolé correspondant à moins de 5 jours consécutifs chez le même employeur.

Pour chaque mois, 28 cachets maximum sont pris en compte.

 

4°) cas d’application du régime de l’assurance chômage

- être involontairement privé d'emploi : la cessation du contrat doit résulter d'une fin de CDD, d'une rupture anticipée du CDD à l'initiative de l'employeur ou d'une démission considérée comme légitime ;

- être inscrit comme demandeur d'emploi ou accomplir une formation validée par Pôle emploi. L'inscription comme demandeur d'emploi doit être effectuée dans les 12 mois suivant la fin du contrat de travail. Cette période de 12 mois peut être prolongée en raison de certaines situations : arrêts de travail pour maladie, congé de maternité, congé parental d’éducation, contrat de volontariat de solidarité internationale, formation continue... ;

- être à la recherche effective et permanente d'un emploi ;

- ne pas remplir les conditions d'âge ou de durée d'assurance pour bénéficier d'une retraite à taux plein ;

- être physiquement apte à l'exercice d'un emploi ;

- n'avoir pas quitté volontairement (sauf démission légitime) son dernier emploi ou un emploi autre que le dernier dès lors que, depuis cette démission, il n'est pas justifié d'une période de travail d'au moins 455 heures ;

- résider sur le territoire français.

Le demandeur d'emploi qui a repris un emploi après avoir bénéficié de l'ARE et qui se trouve à nouveau sans emploi peut être réadmis à l'assurance chômage, s'il justifie de 507 heures d'affiliation au titre de l'emploi qu'il avait repris.

Si ce n'est pas le cas, il est recherché à la demande du demandeur d'emploi une durée d'affiliation majorée de :

- 50 heures par période de 30 jours au-delà du 304e jour précédant la fin du contrat de travail pour les ouvriers et techniciens ;

- 48 heures par période de 30 jours au-delà du 335e jour précédant la fin du contrat de travail pour les artistes.

Le demandeur doit remplir une nouvelle demande d'allocations (DAL). À défaut, l'indemnisation initiale est poursuivie, dans la limite de 243 jours d'ARE. Si la nouvelle demande est déposée à la fin du droit initial, la réadmission commence le lendemain du 243e jour d'indemnisation. Si la demande est effectuée en cours d'indemnisation, la réadmission prend effet à partir du lendemain de la fin du contrat de travail (réouverture de nouveaux droits).

Le demandeur d'emploi qui a repris un emploi et cessé de bénéficier des allocations, alors que ses droits à allocations n'étaient pas épuisés, et qui n'a pas acquis de nouveaux droits du fait de sa reprise d'emploi, bénéficie du reliquat de ses droits :

- si le temps écoulé entre la date d'admission à la 1e période d'indemnisation et la date d'admission à la 2e période d'indemnisation n’est pas supérieur à la durée de la 1e période d'indemnisation augmentée de 3 ans ;

- et s'il n'a pas démissionné de son dernier emploi (sauf démission légitime). Cette condition n'est pas applicable aux salariés sans emploi dont le reliquat des droits à allocations permet de les indemniser jusqu'à ce qu'ils remplissent la condition d'âge ou de durée d'assurance nécessaire pour bénéficier d'une retraite à taux plein.

L'intermittent du spectacle de nouveau sans emploi, qui a déjà perçu des allocations chômage, mais ne remplit pas les conditions pour bénéficier d'une réadmission, peut se voir attribuer une allocation du Fonds de professionnalisation et de solidarité des artistes et techniciens du spectacle.

 

5°) méthode de calcul des allocations de chômage des intermittents du spectacle

Vérifié le 25 mars 2016 - Direction de l'information légale et administrative (Premier ministre), Ministère en charge du travail.

L'allocation d'aide au retour à l'emploi (ARE) des intermittents du spectacle est calculée à partir du nombre d'heures travaillées pendant des périodes précises, en tenant compte du salaire de référence.

Le nombre de jours indemnisés correspond au nombre de jours du mois civil (28, 29, 31 ou 31 jours en fonction du mois considéré), sauf en cas de reprise d'activité partielle, où les jours travaillés sont déduits

L'allocation journalière (AJ) d'aide au retour à l'emploi est calculée selon la formule suivante : AJ = A + B + C

A = AJ minimale x [0,50 x salaire de référence (SR - jusqu'à 12.000 €) + 0,05 x (SR – 12.000 €)] / NH x Smic horaire

B = AJ minimale x [0,30 x NHT (jusqu'à 600 heures) + 0,10 x (NHT – 600 heures)] / NH

C = AJ minimale x 0,40

Allocation journalière (AJ) minimale = 31,36 €

NH : Nombre d'heures exigées sur la période de référence = 507 heures sur 304 ou 319 jours.

Smic horaire = 9,67 € (en 2016)

NHT : Nombre d'heures travaillées

L'allocation journalière est comprise entre 31,36 € et 133,27 €

Montant minimum de l'allocation journalière pendant une formation : 20,54 €

L'attestation d’employeur mensuelle (AEM) adressée à Pôle emploi et à l'intermittent par l'employeur, permet de calculer le montant de l'ARE et d'enregistrer les périodes d'emploi déclarées par l'intermittent sur sa déclaration de situation mensuelle pour une réadmission

Le salaire journalier moyen est égal au salaire de référence divisé par le nombre de jours de travail, déterminé en fonction des heures de travail à raison de :

- 8 heures par jour pour les ouvriers et techniciens,

- 10 heures par jour pour les artistes du spectacle.

Une cotisation de retraite complémentaire de 0,93 % assise sur le salaire journalier moyen est prélevée sur l'allocation journalière. Cette cotisation ne peut avoir pour effet de réduire le montant de l'allocation journalière à moins de 31,36 €.

L'ARE est également soumise à contribution sociale généralisée (CSG) et à contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS). Toutefois, si le montant brut de l'ARE est inférieur au montant du Smic journalier (49 €) ou si le prélèvement de la CSG et de la CRDS conduit à diminuer le montant net de l'ARE en dessous du Smic journalier, il y a exonération ou écrêtement.

La CSG est prélevée sur le montant brut de l'ARE après abattement de 1,75 % de frais professionnels. Cet abattement s'applique aussi pour la CRDS.

Au cours d'une période de formation, l'ARE n'est soumise ni à la CSG ni à la CRDS.

 

6°) taux de contribution

Les employeurs et salariés relevant du régime dérogatoire des intermittents du spectacle sont soumis à 2 taux de contributions d'assurance chômage :

- les taux de droit commun applicables à tous les salariés et les employeurs du secteur privé ;

- les taux spécifiques aux intermittents du spectacle et à leurs employeurs (4 % pour les employeurs et 2,4 % pour les salariés).

Le taux de contribution globale à l'assurance chômage due pour les intermittents du spectacle est de 12,8 %, soit 8 % pour la part patronale et 4,8 % pour la part salariale.

Sont exclues de l'assiette des contributions, les rémunérations qui dépassent 4 fois le plafond du régime d'assurance vieillesse de la sécurité sociale.

 

7°) maintien des allocations jusqu’à la retraite

Les allocataires peuvent continuer de bénéficier de l'allocation journalière au-delà de la durée d'indemnisation maximale de 243 jours, jusqu'à ce qu'ils remplissent la condition d'âge ou de durée d'assurance nécessaire pour bénéficier d'une retraite à taux plein, à condition 

- de justifier de 9.000 heures de travail en annexe 8 et 10, dont 1.521 heures au cours des 3 dernières années (ou 15 ans d'affiliation au régime d'assurance chômage) ;

- de justifier de 100 trimestres validés (correspondant à 25 ans) d'assurance vieillesse ;

- d'être en cours d'indemnisation à :

61 ans et 2 mois pour les allocataires nés en 1953,

61 ans et 7 mois pour les allocataires nés en 1954,

62 ans pour les allocataires nés à partir de 1955.

 

8°) spécificités juridiques du CDDU (Contrat à Durée Déterminée d’Usage) des intermittents su spectacle

Le CDDU comporte des différences notables par rapport à un CDD classique, dont les principales sont les suivantes :

- le contrat peut être répété sans limites (article L. 1244-1)

- il n’y a pas d’indemnité de précarité (article L. 1243-10)

- il n’y a pas de délais de carence entre 2 CDD (deux contrats peuvent s'enchaîner sans délai dans le temps).

 

 

IV/ ENTREPRISES ET MÉTIERS CONCERNÉS PAR LE STATUT

 

Les intermittents font partie des salariés du privé et cotisent au régime d'assurance chômage selon des spécificités définies par leur contrat de travail, leur permettant d'accéder à des indemnités propres aux annexes correspondantes.

Les intermittents du spectacle relevant des annexes 8 et 10 de l’Assurance chômage doivent appartenir a une des deux catégories suivantes :

- artiste du spectacle engagé par contrat à durée déterminée ;

- ouvrier ou technicien engagé par contrat à durée déterminée et occupant des fonctions figurant sur la liste officielle

ET QUE NOUS DIT LA « LISTE OFFICIELLE » ?

L’annexe 8 au règlement général de l’assurance chômage dresse la liste exhaustive des métiers ressortissant du régime des intermittents du spectacle.

Nombre de métiers recensés dans la liste : 999 !!!

Source : site de Pôle Emploi, document à la disposition en format PDF daté de mai 2015 et consultable sur l’internet.

On comprend mieux pourquoi, lors d’un reportage télévisuel sur Pôle Emploi qui remonte à une année environ, et en caméra cachée, une personne, reçue pour la première fois par sa conseillère qui, après avoir pris connaissance de son curriculum vitae, lui demanda : « Alors, vous êtes électricien ? », s’empressa de rectifier : « Non, non, je suis intermittent du spectacle. » La conseillère n’avait pas vu que, dans l’historique de la carrière, une fois récente, ce monsieur avait participé à la prise en charge de la partie électricité du montage d’une scène de théâtre au festival d’Avignon… !!! De ce simple fait, il pouvait arguer qu’il n’était plus électricien et que la loi lui permettait de se prévaloir d’un autre statut bien plus avantageux pour lui : c’est le système !

 

 

V/ POSITION DE LA COUR DES COMPTES SUR CE STATUT

 

En 2002 le déficit du régime des intermittents du spectacle était de 866 millions d'euros ; celui-ci n'a ensuite jamais été inférieur à cette valeur malgré les réformes successives, un "déficit" que la Cour des comptes désigne comme une « dérive massive ».

Le rapport de 2012 de la Cour des comptes souligne que le "déficit" du régime des intermittents du spectacle représente « un tiers du déficit total de l'assurance chômage, alors même que seules 100.000 personnes en bénéficient ». Ainsi, selon ce rapport, durant les dix dernières années, « le déficit cumulé du régime des intermittents s'est établi à un montant proche de l'endettement total du régime d'assurance chômage, soit 9,1 milliards d'euros à la fin 2010 » !!!

Cependant, entre 2008 et 2011, la dégradation du solde global du régime d'assurance chômage résulte d'abord de celui des CDI du régime général, qui avec la crise a diminué de près de 2 milliards d'euros, reconnaît la Cour des comptes.

Début 2013, la Cour des comptes, dans une analyse concernant la forte dégradation des comptes de l'UNEDIC, pointe en particulier du doigt les plus grandes faiblesses du système actuel. Parmi celles-ci, sont à nouveau mises en cause les règles d'indemnisation des intermittents du spectacle du fait du « caractère massif des sommes en cause » et de leur impact sur le déficit global.

En novembre 2013, la Cour des comptes publie un nouveau rapport dans lequel elle souligne que les intermittents du spectacle sont « la catégorie de demandeurs d'emploi indemnisés bénéficiant, de loin, des règles les plus favorables ».

 

 

VI/ POSITION DE L’UNEDIC SUR CE STATUT

 

L'UNEDIC contredit le diagnostic de la Cour des Comptes en notant que le ratio indemnités/cotisations a évolué à la baisse passant de 800 % en 2002 à 547 % en 2010.

En 2014, la ministre de la Culture, Aurélie Filipetti, estime, reprenant les chiffres de l'UNEDIC, le montant du "déficit" à… 300 millions d'euros. Ce chiffre correspond au « coût » des 100.000 intermittents si on les mettait au régime général. Mais, au sein de l'UNEDIC, l'association paritaire qui gère l'indemnisation des chômeurs, ce mode de calcul est considéré comme… simpliste !

Par ailleurs, selon le député du Parti socialiste Jean-Patrick Gille, aucun calcul n'a pris en compte le coût des intermittents exclus du régime général qui pourraient prétendre au revenu de solidarité active.

Le 17 décembre 2014, pour la première fois de son histoire, l'UNEDIC évalue les alternatives proposées depuis plus de 10 ans par la CGT Spectacle, le Syndeac et la Coordination des intermittents et précaires (CIP), principaux syndicats représentatifs du secteur professionnel concerné.

L’UNEDIC reconnaît alors que les propositions des représentants des intermittents du spectacle concernant leur régime d’indemnisation ne sont pas plus coûteuses que la réforme de 2003, tout en étant plus justes selon les partenaires.

 

 

VII/ POSITION DES PARTENAIRES SOCIAUX SUR CE STATUT

 

Selon les principales organisations du secteur concerné (CGT Spectacle, le Syndeac et la Coordination des intermittents et précaires (CIP) et par certains experts (comme Mathieu Grégoire, sociologue et maître de conférences à l'Université de Picardie (CURAPP)) ou certains représentants des intermittents comme Samuel Churin, la méthode de calcul est dénoncée.

Selon Mathieu Grégoire, le déficit des annexes 8 et 10… n’existe pas !!! Les annexes 8 et 10 ne sont pas une caisse spécifique, il n’y a pas un régime spécifique d’assurance chômage pour les intermittents. Il y a simplement des annexes au règlement général de l’UNEDIC qui fixent des règles spécifiques pour les intermittents.

En 2009, 105.826 intermittents du spectacle ont été indemnisés par l’UNEDIC qui leur a versé… 1,276 milliard d'euros pour 223 millions de cotisations versées (et ce système n’est pas en déficit !!!). La différence indemnités perçues/cotisations s'élevait ainsi à 1,054 milliard d'euros (une paille !).

Selon la CIP, les indemnités des intermittents sont à rapporter à la totalité des allocations qui s’élèvent à 31 milliards d’euros en 2013. Les intermittents reçoivent donc, non pas un tiers, mais… seulement 4 % des indemnités. Toujours selon Mathieu Grégoire, selon un calcul analogue à celui pratiqué par la Cour des Comptes, en 2011, les salariés en CDD représentaient plus de 350 % de "déficit" de l'UNEDIC.

Selon le Syndeac, l’idée selon laquelle en durcissant les conditions d’éligibilité, on parvient durablement à réduire le nombre d’intermittents repose en grande partie sur une illusion. Illusion qui serait à l'origine de l'échec des réformateurs de 2003 à atteindre leur objectif de réduire radicalement le nombre d'intermittents. Le système actuel renforcerait donc la précarité des intermittents sans réussir à diminuer leur nombre.

Selon la CIP, si l’on fait basculer les intermittents dans le régime général, tout comme si l’on fait basculer les chômeurs du régime général dans le régime intermittent, cela produirait des économies pour l’UNEDIC non pas parce que l’un ou l’autre régime est moins généreux, mais parce que ses critères ne seraient plus adaptés à l’activité des uns et des autres. Par conséquent un bon nombre de travailleurs seraient exclus de tout chômage.

Selon Donald Hebert du Nouvel Observateur, « la Cour cependant ne prend pas en compte le temps de travail réalisé par les intermittents en dehors du secteur, pour combler leurs fins de mois (enseignement, petits boulots, etc.), via lesquels ils cotisent aussi au régime général sans y faire appel ». Le CIP-IDF, collectif appelé en 2014 à la concertation par le gouvernement en place, rappelle également que la Cour des Comptes ne tient pas compte des 300.000 permanents du secteur (administrateurs de théâtre, salariés de boîte de production en CDI, etc.), qui cotisent au régime général, mais dont l'emploi dépend de celui des intermittents employés dans les mêmes entreprises.

Selon d'autres sources, citant le sociologue Mathieu Grégoire, les intermittents du spectacle ne représentent que 3,5 % des bénéficiaires des allocations chômage, et 3,4 % des dépenses de l’UNEDIC.

Le sujet de la fraude en rapport aux intermittents fait régulièrement débat. Il est pourtant dénoncé autant par la Cour des Comptes, par l'UNEDIC que par les syndicats d'Intermittents

Il s'agit du problème des "Permittents", salariés employés sous CDDU alors que leur présence permanente pourrait justifier l'emploi de contrats en CDI ou CDD au régime général. Cela provient du fait que le CDDU peut légalement être répété sans limites (article L. 1244-1) contrairement au CDD habituel. Il s'agirait donc d'un abus et non pas d'une fraude.

La Cour des comptes évalue le niveau de fraude à « au moins 15 % des intermittents ». Selon les chiffres de l'UNEDIC, cités par le rapport Gille, le niveau de fraude en 2009 s'établit à 5,9 % des techniciens et 2,4 % des artistes. Les « véritables abus » seraient donc du côté des employeurs.

La réforme de l'intermittence de 2003 a tenté de mettre fin à ces pratiques, mais elles n'ont pas diminué depuis cette date.

Chez M6, les intermittents représentent 440 emplois à temps partiel par rapport à des effectifs permanents de 1.600 environ, soit près de 21 % de l'effectif global. Leur nombre a baissé depuis 2003 même s'il a un peu augmenté en 2013, M6 a par exemple intégré une vingtaine d'intermittents en 2013.

La chaîne Canal + indique employer 350 emplois à temps partiel début 2014 pour un effectif global de 3.482 permanents, soit environ 9 % de l'effectif.

Chez France Télévisions, l'intermittence limitée aux techniciens (monteurs, opérateurs de prises de vue…) représente un peu plus de 10 % de la masse salariale. Les sociétés de production qui fournissent aux chaînes leurs programmes, celles qui fabriquent des films, mais aussi les parcs de loisirs sont de gros utilisateurs de ces contrats. En 2011, Euro Disney a recruté environ 1.500 « artistes » en contrat d'intermittence pour ses parades et autres spectacles.

Radio France est le premier employeur d'intermittents avec 6.000 contrats signés, et les seuls employés permanents ne pourraient assurer son fonctionnement. La réunion de tels personnels permanents et des intermittents dans un hypothétique « régime du spectacle » aboutirait vraisemblablement pour ce dernier à un déficit moindre que celui de l'actuel régime des intermittents. Ce système a été l'objet de critiques de la part des salariés et des syndicats, notamment lors de la grève en 2015.

 

 

VIII/ POSITION DE CERTAINS SPÉCIALISTES SUR CE STATUT

 

1°) Chronique du 17 février 2014 de Brice Couturier sur France Culture

La Cour des comptes, qui est devenue, au fil des ans, l’une des rares vigies crédibles à bord de notre Titanic, ne cesse de mettre en garde sur l’insoutenabilité de notre système d’indemnisation du chômage. Rappelons la situation de l’UNEDIC : légèrement bénéficiaire jusqu’en 2008, le régime a commencé à basculer dans le rouge en 2009. Depuis, son déficit s’accroît vite et continuellement. A la fin de l’an dernier, son endettement atteignait 17 milliards d’euros, à la fin de celle-ci, il tombera à 22 milliards. Bref, nous indemnisons nos chômeurs comme nous payons nos dépenses de santé, les traitements de nos fonctionnaires, ou les pensions de nos retraités : A CREDIT ! ; on compte sur les jeunes générations pour acquitter un jour la facture…

Or, la part des intermittents du spectacle dans ce déficit n’est pas mince. Ils cotisent à hauteur de 240 millions par an et bénéficient d’indemnités s’élevant à… un milliard deux cent millions ! Cela représente un déficit annuel d’un milliard d’euros pour un ratio d’allocations sur les cotisations égal à 5, selon les calculs de la Cour des comptes. Les sages de la rue Cambon pressent les gouvernements successifs de mettre un terme à une dérive qui plombe les comptes de Pôle Emploi.

D’autant que le système est socialement injuste, puisqu’il fait bénéficier les intermittents du spectacle de règles privilégiées par rapport à celui des salariés employés en CDD dans le cadre du régime général. Un intermittent du spectacle doit avoir travaillé 507 heures au cours des 10 derniers mois pour avoir droit aux allocations chômage, alors qu’un travailleur saisonnier, comme ceux qui travaillent dans le secteur touristique ou agricole doit en avoir fait 610 au cours des 28 derniers mois. En outre, les allocations perçues durent huit mois pour les intermittents du spectacle, alors que les travailleurs saisonniers perçoivent leurs indemnités à raison d’un jour par journée travaillée. Cela aboutit à une injustice manifeste : l’indemnisation moyenne des intermittents du spectacle est de 1.800 euros par mois, contre 1.123 euros pour l’ensemble des allocataires de l’assurance-chômage. La Cour des comptes écrit que ces règles spécifiques n’apparaissent « ni justifiées ni équitables ». Et elle pointe les dérives du système, estimant que « la plupart des intermittents » s’inscrivent au chômage « quelques jours après avoir accumulé le nombre d’heures requis » et se remettent au travail « lorsqu’ils ont épuisé leurs droits ».

Mais ainsi va notre système de protection sociale. Ses règles ne sont jamais universelles. Toute catégorie qui a obtenu un jour son petit lot d’avantages particuliers, au détriment de l’intérêt général, ne l’abandonne jamais, au nom des sacro-saints « droits acquis » et sous la menace de blocages.

Personne, en effet, n’a oublié l’annulation du festival d’Avignon de 2003. Et le ministère de la Culture veut à tout prix éviter sa réédition. Depuis, les intermittents mettent en avant les « externalités » que les spectacles provoquent, en particulier dans le tourisme. Pas besoin de souffler de pareils arguments aux chauffeurs de taxis : ils pourraient arguer des dégâts collatéraux que provoquent leurs grèves dans les réservations d’hôtels, pour justifier de semblables « externalités »….

Les fautifs ne sont pas tant les artistes et techniciens que ceux qui les emploient de manière aléatoire, en utilisant à leur profit les règles du jeu. Bien des entreprises de spectacle salarient à plein temps leur personnel et ne se servent pas d’un système trop généreux pour équilibrer leur budget. Les autres pays d’Europe n’ont pas demandé aux salariés du régime général d’entretenir le spectacle vivant à leurs frais. Et pourtant, je ne sache pas que l’Allemagne manque de concerts, ni la Grande-Bretagne de comédies musicales : qu’est-ce qui justifie encore cette expression française ?

La vérité, c’est que dans le régime des intermittents du spectacle, il s’agit d’une subvention dissimulée qui n’a rien à voir avec un système d’assurance-chômage. Mais si l’Etat culturel a la volonté politique de soutenir le spectacle vivant - pourquoi pas-, qu’il le fasse lui-même plutôt que de réclamer aux salariés du privé de le faire à sa place. Ce n’est pas à l’UNEDIC de financer la culture. Et si on alignait les droits à l’indemnisation du chômage des intermittents du spectacle sur ceux des autres travailleurs saisonniers - ceux du tourisme, par exemple- soumis au même genre de contraintes ?

 

2°) Chronique du 7 janvier 2015 de Cécile Crouzel sur le site du Figaro Economique

Une sanctuarisation en bonne et due forme : telle est la principale décision de Manuel Valls suite à la remise mercredi du rapport de la mission de concertation sur les intermittents. Le gouvernement proposera en effet d'ici à juin une loi qui garantira un régime spécifique d'indemnisation du chômage pour les artistes et techniciens du spectacle. Les conventions d’assurance-chômage, à l'avenir négociées par le patronat et les syndicats, ne pourront être agréées par l'État (et donc entrer en vigueur) que si elles incluent ce régime. Dit autrement, les partenaires sociaux ne pourront plus supprimer les annexes 8 et 10 au régime d’assurance-chômage qui s’appliquent aux intermittents. Du moins sur le papier car dans les faits, si le patronat réclame régulièrement leur suppression - il l'a encore fait en 2014 -, les syndicats défendent leur spécificité et leur abrogation n'est jamais mise sur la table.

Manuel Valls a donc voulu apaiser le jeu, même si la réforme proposée par le premier ministre risque d'en alourdir les coûts. Et ce, alors que le déficit du régime des intermittents atteint déjà un milliard par an, soit près d'un quart de celui de l'assurance-chômage, pour quelque… 109.000 personnes indemnisées !

Concrètement, l'exécutif souhaite que syndicats et patronat du secteur puissent s'entendre entre eux sur les règles d'indemnisation des artistes et techniciens du spectacle. Auquel cas les organisations syndicales et patronales nationales, seules habilitées à négocier la convention d'assurance-chômage, devront intégrer ces propositions dans leur accord final. Un système potentiellement dangereux, les représentants des employeurs et des salariés du monde de la culture ayant tout intérêt à élaborer des règles généreuses pour eux et financées, comme c'est le cas aujourd'hui, par les autres salariés.

Un garde-fou est certes prévu : les partenaires sociaux nationaux auront au préalable fixé « la trajectoire financière » (un terme flou qui reste à définir) du régime des intermittents. Mais cela suffira-t-il à limiter les dérives, sachant que les chiffrages ne sont jamais parfaits et diffèrent bien souvent selon les parties ? Ainsi, la CGT-spectacle milite pour le retour partiel au système d'indemnisation plus généreux qui existait avant 2003, en arguant qu'il n'en coûterait que 35 millions par an au régime d'assurance-chômage. Une estimation tirée de la mission de concertation, mais qui ne prend pas en compte les changements de comportement induits… Mais Manuel Valls fait confiance « à l'intelligence » des protagonistes pour accorder leurs violons. Un sérieux pari : Stéphane Lardy, le négociateur FO - qui a signé le dernier accord d'assurance-chômage avec la CFDT et la CFTC - avoue déjà être « circonspect » sur ce point.

La liste des gestes du premier ministre aux intermittents ne s'arrête pas là. En juin, il avait décidé de ne pas appliquer une des mesures de l'actuelle convention : l'allongement de leur différé d'indemnisation (période avant de toucher les allocations). Coût de l'opération pour l'État : 100 millions, en année pleine. Mais une fois la convention expirée (mi-2016 au plus tard), les contribuables ne retrouveront pas leur mise, car les 100 millions viendront abonder un « fonds de développement de l'emploi culturel » spécialement créé. Enfin, le premier ministre entend améliorer les droits sociaux des intermittents (notamment sur la maternité) et dégeler deux sous-budgets de la Culture (soit 40 millions) en 2015, puis les augmenter en 2016.

En contrepartie, Manuel Valls souhaite que les partenaires sociaux du secteur revoient la liste des métiers ouvrant droit aux CDD d'usage. À défaut, il le fera lui-même par décret. Au final et d'expérience, il est peu probable que cette lutte contre les abus, menée par ceux qui la pratiquent, compense les largesses accordées par ailleurs…

 

3°) Chronique de Derek Perrotte du 2 octobre 2015 sur le site des Echos

Pôle emploi a recensé 256.000 salariés ayant cotisé l'an passé au régime spécifique des intermittents du spectacle. Ce total a augmenté de 4,8 % depuis 2010. Le régime reste largement déficitaire et son avenir sera de nouveau l'objet de vifs débats lors de la renégociation de la convention UNEDIC cet hiver. Au risque pour le gouvernement de revoir exploser le conflit qui avait lourdement perturbé les festivals de l'été 2014

C'est un dossier que l'exécutif devra, encore, surveiller comme le lait sur le feu : la renégociation des règles de l'UNEDIC, début 2016, devrait relancer la féroce bataille sur le régime spécifique d'assurance-chômage des intermittents du spectacle, les fameuses annexes 8 et 10. A l'été 2014, pour éteindre le conflit provoqué par les mesures d'économie imposées par le patronat et certains syndicats, le gouvernement avait fini par prendre une large partie du coût à sa charge et par promettre aux syndicats et aux employeurs du spectacle d'être mieux associés aux prochaines discussions. Mais s'il a ainsi gagné du temps, le problème reste entier : avec un déficit oscillant structurellement autour d'un milliard d'euros par an, les annexes 8 et 10 seront de nouveau dans le collimateur du MEDEF, de la CGPME et de l'UPA, fermement décidées à redresser les comptes de l'UNEDIC, dont la dette cumulée atteindra 25 milliards à la fin de l'année, un record, sans avoir à hausser les cotisations employeurs. Au risque, pour l'exécutif, de voir un nouveau conflit dur se développer à l'été 2016 avec cet électorat marqué à gauche, le tout à quelques mois alors des élections présidentielles...

Le dossier sera d'autant plus complexe que le nombre d'intermittents du spectacle, comme le pointe une note publiée fin septembre par Pôle Emploi, continue de croître. En 2014, l'organisme public a dénombré 256.000 salariés ayant travaillé au moins une heure pour un ou des employeurs relevant des annexes 8 et 10. Ce total a progressé de 0,8 % en un an et de 4,8 % depuis 2010. La masse salariale, 2,2 milliards d'euros, et le temps de travail, global, 97,1 millions d'heures, ont évolué dans les mêmes proportions. Près d'un sur deux habite l'Ile de France et si cette population se féminise, on y compte encore deux tiers d'hommes, avec 39ans d'âge moyen. Parmi eux, 156.000, soit 61 %, exercent un métier artistique (la moitié dans la musique), les 100.000 autres étant techniciens.

L'étude met aussi en lumière les très fortes disparités d'accès à l'emploi qui caractérisent ces professions. Si en moyenne, un intermittent effectue 16 contrats par an (21 pour les techniciens 14 pour les artistes), un gros quart n'en a effectué qu'un dans l'année, pour une durée inférieure à 24 heures. Ce sont généralement des techniciens cotisant généralement au régime général mais ayant, le temps d'une mission spécifique, été déclaré comme intermittent, par exemple un électricien intervenant sur un tournage de cinéma. A l'opposé, 8,5 % des salariés, soit quelque 22.000 personnes, ont réalisé chacun plus de 50 contrats par an. C'est parmi eux qu'on va souvent rencontrer les abus les plus fragrants découlant sur le phénomène dit de « permittence », avec des enchaînements de CDD d'usage (CDDU) là ou un CDI, plus couteux et moins souple pour l'employeur, aurait pourtant été justifié. Autre point notable : seuls quatre intermittents sur dix atteignent le seuil de 507 heures de travail dans l'année, qui ouvre droit à des allocations chômage. Le problème est bien plus saillant pour les artistes, qui ne travaillent en moyenne que 260 heures par an, contre 565 pour les techniciens. Cela s'explique aussi par des différences de décompte, le temps de répétition (acteurs, chanteurs, etc.) n'étant pas pris en compte.

Le tableau est tout aussi hétéroclite côté employeurs. En tout 111.000 ont recouru au moins une fois à un salarié déclaré comme intermittent, mais seuls 28.600 sont des professionnels du spectacle (cinéma, télévision, radios, spectacle vivant, etc.) ayant par essence vocation à recourir aux intermittents. Ces derniers ont concentré plus de 90 % de l'activité totale, en particulier dans l'audiovisuel (54 % de la masse salariale) et le spectacle vivant (50,3 % des heures travaillées). Les autres employeurs sont des associations, des particuliers, mais aussi des administrations, n'ayant recouru que ponctuellement, généralement pour des évènements ciblés, à des salariés alors employés comme intermittents.

Un des objectifs du gouvernement, dans le prolongement du rapport Gille-Combrexelle-Archambault sur l'intermittence rendu à l'automne 2014, est de limiter les recours abusifs à l'intermittence : si seuls les « vrais » intermittents sont concernés, il devrait être à la fois possible de mieux les couvrir - ils sont indispensables au fonctionnement de la culture - tout en réduisant le déficit de l'UNEDIC, indispensable pour garantir son avenir. Pour cela, les branches professionnelles concernées ont été poussées par la loi Rebsamen de cet été sur le dialogue social à revoir les conditions de recours au CDDU. Est en particulier dans le viseur la liste des métiers éligibles au CDDU, dont l'ampleur de la diversité (999 métiers recensés, rappelons-le !) alimente des abus là où des CDI, CDD classiques ou contrats d'intérim seraient justifiés. Le rapport Gille souligne, par exemple, que des fonctions telles que « secrétaire, comptable, chauffeur de production, maçon, électricien, menuisier... » figurent encore dans cette liste de manière « anormale », des passagers clandestins du régime qui contribuent à alimenter l'important déficit chronique. « Le CDDU n'a pas vocation à devenir la règle, ni une solution de facilité : il est une réponse nécessaire à des cas bien identifiés. Pour les métiers ou postes où il ne se justifie pas, le CDI doit être la règle », insistait en juin François Rebsamen, alors ministre du Travail. L'exécutif laisse jusqu'à fin janvier 2016 aux branches pour revoir la liste des métiers éligibles et menace de légiférer lui-même en cas d'échec des discussions. Les discussions doivent aussi évoquer l'instauration potentielle de durée minimale et maximale pour les CDDU et les modalités de mutualisation d'emploi et la sécurisation des parcours. Le rapport Gille évoque notamment, pour lutter contre la « permittence » la transformation automatique en CDI des CDDU des personnes travaillant plus de 900 heures par an pour le même employeur.

 

-----------------------------

 

Est-il bien normal qu’un tiers du déficit de l’assurance-chômage soit causé par seulement 3 % des demandeurs d’emploi, les intermittents du spectacle ?

Est-il bien normal qu’un peu plus de 100.000 intermittents du spectacle soient été indemnisés par l’UNEDIC à hauteur de quasi 1,5 milliard d'euros alors qu’ils n’ont versé qu’environ 225 millions d’euros  de cotisations ? Le déficit entre les indemnités perçues et les cotisations encaissées s'élève ainsi à… 1,275 milliard d'euros, une paille !

Est-il bien normal que le déficit abyssal, chronique et grandissant de l’assurance-chômage des intermittents du spectacle ne soit pas pris en compte par l’Etat au moyen de subventions ou de dotations spécifiques dans le cadre de sa propre politique de la culture, au lieu d’être pris en compte par l’UNEDIC, c’est-à-dire par l’ensemble des cotisations des salariés de droit commun ?

 

----------------------------------

 

 

DEUXIÈME SYNTHÈSE

 

A QUEL HEUR LE BREXIT ?

 

 

Tout d’abord, un peu d’étymologie pour expliciter le titre de cet article.

 

Le mot heur, que nous sommes fiers de compter dans notre belle langue française bien qu’il ne soit quasiment jamais plus utilisé de nos jours, trouve son origine dans le moyen âge du XIIème siècle. A l’époque, on disait, suivant les régions : oür, aür ou eür, pour traduire le mot « augurium » tout droit issu du latin et qui signifiait « présage ». Devenu ensuite communément « eur », il s’habille d’un « h » par collision homophonique avec le mot « heure » mais conserve toutefois son genre masculin. Voilà pourquoi, lorsque le présage était favorable, on parlait de « bon-heur », et lorsque le présage ne l’était pas, on parlait de « mal-heur » ; nous utilisons d’ailleurs encore ces deux mots de nos jours (avec bonheur !).

 

Alors, le brexit, bon-heur ou mal-heur ?

 

Cela dépend pour qui !!!

 

En effet, l’appréciation met en jeu des valeurs et des intérêts diamétralement opposés.

 

D’un côté, nous avons les défenseurs du mondialisme qui sont les « hommes d’affaires », les patrons des grands trusts mondiaux et leurs très hauts et proches collaborateurs, les responsables des fonds de pension, les investisseurs à très grande échelle, les membres des conseils d’administration des plus grandes compagnies d’assurance qui assurent de nos jours presque tout, sauf le risque (!), les membres des conseils d’administration des plus grandes banques qui financent presque tout, sauf ce qui est risqué (!), préférant spéculer, et tous ceux, parasites de ces monstres sans frontières, qui tirent profit de leur parasitisme, les hommes politiques n’étant que les « porte-valises » de toute cette mafia financière mondiale sous couvert de démocratie, hochet utilisé pour amuser le brave peuple et lui faire accroire que c’est lui qui a son destin en mains en élisant ses représentants (cet infantilisation se passe de commentaire et serait fort risible si elle n’était, d’abord et avant tout, dramatique pour les citoyens) : pour tout ce « beau » monde, à coup sûr, le brexit est un mal-heur…

 

De l’autre côté, nous avons les défenseurs des valeurs traditionnelles, le peuple, petit et moyen, les « honnêtes » gens, en un mot tous ceux qui regardent la Vie autrement que par la seule lunette déformante et inhumaine de l’argent, de la rentabilité, du profit et du superprofit, mais accordent la plus haute importance à la famille, à l’éducation, à la culture, à l’histoire, à la tradition, à la morale et à toutes ces valeurs sur lesquelles ont été construites l’ensembles des générations qui nous ont précédés durant des siècles et des siècles, en un mot les « valeurs éternelles » : pour tout ce « petit » monde, à coup sûr, le brexit ne peut qu’être un bon-heur…

 

Il est bien évident que dans le camp des premiers, tout est à redouter et le pire est à craindre car ils ont beaucoup à perdre, eux…. L’argent étant leur seul moteur et leur seule motivation, ils ont tout intérêt à ce que les provinces dans les pays n’en soient plus en leur ôtant leur âme (suppression, imposée par les américains, des appellations contrôlées et appellations d’origine françaises, inscrite noir sur blanc dans le projet de Traité Transatlantique) ; ils ont tout autant intérêt à ce que les Etats n’en soient plus en leur ôtant leur souveraineté (rôle castrateur de Bruxelles au moyen du parlement européen, du conseil européen et de la commission européenne avec ses 28 commissaires non pas élus par les peuples mais nommés par les Etats membres, à l’instar de « l’illustre » Pierre Moscovici !) ; ils ont en outre intérêt à ce que les regroupements d’Etats soient légion (Etats-Unis d’Amérique, Asie, et bien évidemment Europe avant de n’en faire plus qu’un : la planète Terre dans son ensemble), en multipliant les moyens de dissoudre les Etats dans des masses informes et rarement connues du grand public telles : OTAN, CIA, CFR, Traité Transpacifique (signé le 4 février 2016 et regroupant 12 superpuissances, avec la mainmise des Etats-Unis, bien sûr instigateurs de ce système broyeur d’humanité !), Traité Transatlantique qu’Obama souhaite voir signé avant la fin de son mandat présidentiel en… novembre prochain et accordant aux Américains des privilèges commerciaux et juridiques inconnus jusqu’alors avec la possibilité de vendre du Champagne de l’Arizona, du Brie du Wisconsin, du Cognac du Mississipi, du Foie Gras de Los Angelès, du Camembert de San Francisco, du Bas-Armagnac de Las Vegas, du Munster du Texas, du Calvados du Missouri… ; mais il est aussi prévu que tous les domaines relevant de l’intérêt général soient soumis aux nouvelles lois du libre échange organisé ; il est prévu également (scandale parmi les scandales !) la création d’un tribunal arbitral international, composé de trois avocats d’affaires nommés par les Etats, permettant aux firmes multinationales de traîner devant ledit tribunal les Etats qui auraient entravé leur marche inéluctable vers la domination mondiale ; la commercialisation à très grande échelle permettra aux américains d’inonder le marché européen avec leurs poulets désinfectés au chlore et avec leurs bœufs piqués aux substances chimiques qui augmentent artificiellement leur masse musculaire. Il est aisé de comprendre qu’il est beaucoup plus facile aux américains de traiter avec une seule entité, l’Europe, plutôt qu’avec chacun des 28 Etats membres ! C’est aussi pourquoi les premiers font tout pour tuer non pas seulement les Etats, mais aussi les Nations et surtout les citoyens qui les composent : comment ? Il n’est pas possible de développer ici-même ces différents moyens sans être hors de notre propos de ce jour et sans le rendre volumineusement difforme ; c’est pourquoi il est prévu la rédaction d’un autre article spécialement dédié à cette question de la plus haute importance car il y va de la survie des nations et de leurs habitants.

 

Donc à l’angoisse des financiers doit répondre la sérénité des peuples. L’Angleterre nous a montré la voie : il est possible de sortir du piège de l’Europe de la finance et des grands trusts apatrides, ultime étape avant la mondialisation diffuse et informe menant droit à l’esclavagisme. C’est une très grande et très bonne nouvelle pour elle et le peuple anglais. Et encore : l’Angleterre ne fait pas partie de la zone euro ni de l’espace Schengen ; elle n’a donc pas trop pâti des sévices infligés par les institutions européennes à ses Etats membres, dont la France. Et pourquoi l’Angleterre serait-elle affaiblie par sa sortie de l’Europe sans y être jamais vraiment entrée ? Nous-mêmes, français, avons franchi tous les pas qui nous ont menés à la situation catastrophique qui est la nôtre aujourd’hui, et l’Europe y a grandement pris sa sinistre part. Et ceci même au prix de hautes trahisons, la dernière en date étant l’adoption, en 2007 et sous la présidence de Nicolas Sarkozy, du traité de Lisbonne, court-circuitant le refus, entre autres Etats, de la France, de ratifier le traité de Rome de 2004 qui ne pouvait l’être qu’à l’unanimité des 25 membres de l’époque. En effet, le référendum de ratification soumis au peuple français le 29 mai 2005 a été rejeté à 54,68 % des voix, ce qui n’est pas rien et constitue un très franc désaveu. Il n’est pas surprenant que le meilleur outil démocratique qui soit à savoir le référendum, n’ait plus jamais été proposé au peuple français depuis la trahison de 2005, voilà maintenant plus de onze ans : trouvez l’erreur !

 

A force de nous faire accroire que sans Europe il n’y a pas de salut pour les Etats qui la composent, certains membres des peuples européens ont fini par s’en persuader en étant contaminés par des propos qu’ils rapportent mécaniquement à force de les entendre, mais sans chercher à examiner la situation par eux-mêmes. Va-t-on trouver beaucoup d’adeptes des grandes vertus européennes chez les peuples grec, espagnol, italien, portugais, étranglés jusqu’à l’irrespirable pour certains, par des « recommandations », des règles, des obligations financières reposant toutes sur une seule logique : l’austérité ? Même la France y est soumise avec, pour l’instant, une sévérité moindre il est vrai, mais tout peut très vite changer. Va-t-on trouver beaucoup d’adeptes des grandes vertus européennes chez tous les peuples composant l’Europe des 28, exceptée l’Allemagne, si l’on compare le pouvoir d’achat de chacun avant son entrée dans la zone euro et la paupérisation honteuse et persistante qui sévit encore et toujours depuis ? Pour établir l’évolution des prix, à partir du passage à l’euro le 1er janvier 2002 jusqu’à aujourd’hui, c’est le parcours du combattant. Il est bien évident que tous les organismes officiels (INSEE, ministères concernés, administrations compétentes…), tous plus pro-européens les uns que les autres, nous disent qu’il n’y a pas (ou très peu) de hausse sur les prix depuis l’adoption de l’euro par la France : il vaut mieux entendre ça que d’être sourd ! Une fois encore, il ne faut pas se fier au discours « officiel » et partisan dont on nous rebat les oreilles depuis notre « mariage » avec l’Europe, mais faire appel à notre bon sens et à ce que nous vivons tous les jours : soi-même, ainsi que toutes les personnes de notre entourage, ne constate-t-on pas une très nette évolution des prix durant ces 15 dernières années, et pas du tout à l’avantage du peuple consommateur ? Qui osera nous dire, depuis l’abandon du franc et l’adoption de l’euro, que le prix de la salade n’a pas explosé, tout comme celui de la douzaine d’œufs, de la baguette, de l’huile, du café, du kilo de pommes de terre, du demi de bière, du petit noir du bistrot, jusqu’au pot de… Nutella ( !), sans oublier les assurances, les carburants, l’électricité… il vaut mieux cesser là l’énumération car la liste serait encore, hélas, très longue… N’a-t-on pas constaté soi-même et entendu l’écho concordant de nos proches, qu’avec le prix, en franc jusqu’en 2001, d’un caddie de grande surface plein, de nos jours, pour le même prix, le caddie n’est rempli qu’à moitié dans le meilleur des cas ou au tiers de son volume beaucoup plus fréquemment, et ça, ce ne sont pas des élucubrations tendancieuses autant que malsaines, dangereuses et mensongères de technocrates, français et européens, mais le sinistre constat du peuple qui a vu, de ses yeux vu, le contenu de son caddie fondre jusqu’à devenir peau de chagrin au fur et à mesure que son pouvoir d’achat était laminé au fil des années ; cela aussi se passe de tout commentaire…

 

Alors qu’a donc à craindre le peuple, celui d’Angleterre ou de tout autre Etat encore plus empêtré dans l’Europe que ne l’était l’Angleterre, la France, par exemple ? Rien, strictement rien, c’est même tout le contraire ! D’ailleurs, à bien y regarder, les pays situés en Europe mais qui n’ont jamais eu sur le dos la camisole de force des institutions européennes : Andorre, Biélorussie, Bosnie, Islande, Kosovo, Liechtenstein, Macédoine, Moldavie, Monténégro, Norvège, Russie, Saint Marin, Serbie, Suisse, Vatican, sont-ils voués, de ce simple fait, à une mort certaine puisque, d’après les « bien pensants », nous ôter leur carcan serait mortel pour nous ? De même, ceux qui font partie de l’Europe mais ont refusé l’euro comme monnaie : Bulgarie, Croatie, Danemark, Hongrie, Pologne, Roumanie, Royaume-Uni, Suède, Tchéquie, ont-ils leurs jours comptés de ce simple fait alors que nous, les « heureux expérimentateurs » de cette monnaie sans âme et sans histoire, avons été spoliés ? Absolument pas. « On » veut nous faire peur et nous culpabiliser ; « on » veut nous canaliser dans la voie, l’unique, et nous imposer ce passage obligatoire ; « on » nous promet des lendemains apocalyptiques, une catastrophe mondiale, l’explosion du Royaume-Uni (et alors ? tous les empires qui nous ont précédés n’ont-ils pas, un jour ou l’autre, explosé ?), le démantèlement de l’Europe (et alors ? L’Europe qui n’a jamais existé en tant que telle mais au simple travers de l’argent par le maudit euro) : mais qui est ce « on » ? Et bien tout simplement la finance mondiale, celle qui était, dixit François Hollande candidat à la présidence de la république française, le premier et seul ennemi contre lequel il allait lutter durant son quinquennat… On a vu, et on voit toujours d’ailleurs, ce qu’a fait de sa promesse François Hollande devenu Président de la République Française… !!!

 

Qu’aurait donc à craindre la France de sa sortie de l’union européenne, de l’abandon de l’euro et de l’espace Schengen ? Rien, si ce n’est recouvrer sa force pleine et entière, son indépendance salutaire et sa souveraineté sacrée. Pourquoi être aussi catégorique ? Une fois encore, faisons appel à notre bon sens : de quoi un peuple a-t-il besoin pour vivre bien ? D’abord, de nourriture, de vêtements, de logement, puis d’éducation, de soins et de loisirs ; reprenons :

 

- la nourriture : le premier besoin d’un peuple, avant tout autre besoin, est de se nourrir ; la France a toujours été un très grand pays agricole depuis de très nombreux siècles, exportant même autrefois une partie de sa production ; nos terres ne sont-elles plus fertiles ? Nos paysans ne savent-ils plus semer, faire pousser et récolter les fruits et les légumes ? Leurs machines et leurs outils ne sont-ils pas parmi les plus performants ? Alors ? La France peut s’auto-suffire pour produire de quoi alimenter sa population (mais seulement sa population !) avec, en outre, des produits de grande qualité ;

 

- les vêtements : le deuxième besoin d’un peuple est de se vêtir ; la France disposait autrefois d’une industrie textile parmi les meilleures du monde ; nos ouvriers, techniciens et ingénieurs ne sont-ils pas capables de remettre sur pieds cette industrie que nos gouvernants mondialistes, depuis des dizaines d’années, ont laissé partir dans l’Asie du sud-est, dans les pays du Maghreb et dans les pays d’Europe de l’est ? La France serait bien à nouveau capable de vêtir sa population (mais seulement sa population !) ;

 

- le logement : le troisième besoin d’un peuple est de se loger ; la France, avec ses grandes entreprises de travaux publics, a été capable autrefois de bien loger ses habitants (mais seulement ses habitants !) ; pourquoi en irait-il autrement aujourd’hui ? Nos ingénieurs des ponts-et-chaussées ou en génie civil et nos architectes ne sauraient-ils plus construire les bâtiments à usage d’habitation dont la population française besoin (mais seulement la population française !) ? Notre industrie nucléaire n’est-elle pas capable de procurer le chauffage nécessaire auxdits bâtiments en nous rendant, de surcroît, indépendants énergétiquement ?

 

- l’éducation : le quatrième besoin d’un peuple est d’être éduqué, d’abord par sa famille, le père et la mère, puis l’école ; la France a été, autrefois, le phare du monde avec ses grands penseurs, ses grands philosophes, ses grands écrivains, ses grands artistes ; ne sommes-nous pas capables d’éduquer nos enfants (mais seulement nos enfants !) comme ont su remarquablement le faire, avant nous, les instituteurs de Jules Ferry, puis ceux de la troisième, de la quatrième et du début de la cinquième république (jusqu’à mai 68) où chaque petit français savait lire, écrire et compter ?

 

- les soins : le cinquième besoin d’un peuple est d’être soigné ; la France a toujours été à la pointe de la qualité des services de santé et de la recherche médicale, ses nombreux prix Nobel sont bien là pour en attester, tout comme l’est la fréquentation de ses hôpitaux par les plus grands de ce monde ayant besoin d’être soignés, tel le président palestinien Yasser Arafat, dont les proches ont ensuite accusé la France de l’avoir empoisonné (merci pour la reconnaissance !) et du président algérien Bouteflika qui, une fois soigné, s’est empressé d’insulter la France et son passé colonialiste (merci pour le service rendu !) ;oui, la France pourrait donc continuer de parfaitement soigner sa population (mais seulement sa population !) ;

 

- les loisirs : le sixième besoin d’un peuple est de se distraire et de se reposer ; la France est considérée par de nombreux habitants de la planète, comme le paradis sur terre ; il en est pour preuve la première place systématiquement occupée par notre pays pour la destination touristique de vacances et chaque année, le record du nombre de touristes est battu : l’an dernier, ce sont 85 millions d’étrangers qui se sont rendus dans notre pays qui ne compte que 64 millions d’habitants !

 

Les cassandres européistes promettent le pire à tous les français, sans exception, si la France abandonne l’euro ; mais pourquoi donc ? On nous dit que le nouveau franc serait dévalué de 40 % par rapport à la valeur de notre euro actuel ; d’abord, comment a été calculé ce pourcentage (pourquoi pas 60 ou 70 % pendant qu’ils y sont ?) et surtout, quelle incidence dramatique pourrait bien avoir une baisse de notre monnaie dans la mesure où elle toucherait l’ensemble des français ? Au sein de l’hexagone, aucune puisque, sur le plan monétaire et du pouvoir d’achat, chaque français serait logé à la même enseigne que tous ses compatriotes ; en revanche, par rapport à l’extérieur de nos frontières, nos exportations feraient un bon extraordinaire : imaginons un instant quel pourrait être le succès de nos avions rafales, de nos avions de ligne airbus, de nos rames de métro, de nos bateaux de croisière, de nos armes de toutes natures… si le prix proposé pour leurs ventes sur le marché international était diminué de… 40 %, alors même que sans cette baisse aussi énorme que providentielle, nous arrivons déjà à vendre, à un prix plus que fort, l’ensemble de ces produits de très haute technologie issus des cerveaux de nos ingénieurs, de la rigueur de nos techniciens, de l’application et du talent de nos ouvriers ? Cela serait une manne, financière et d’emplois, pour notre nation qui compenserait largement le surcoût qui serait engendré par nos achats de produits à l’étranger.

 

---------------------------------------

 

Alors, Peuple d’Angleterre, Peuple de France et Peuples d’ailleurs en Europe, restez sereins tout simplement parce que, vous, vous n’avez rien à perdre, absolument rien. Il n’en est bien sûr pas de même pour vos gouvernants politiques « officiels » et pour vos (leurs !) gouvernants de l’ombre : les financiers mondiaux. Dès lors, un seul souhait pour le salut du peuple de France : qu’il imite son alter ego anglais qui, dans un sursaut de lucidité et de bon sens, a su tordre le cou aux idées nauséeuses et catastrophiques que « certains » auraient bien voulu voir entrer plus encore en application : mais quel futur président de la République Française aura les « tripes » et l’honnêteté pour soumettre, par référendum, au peuple de France, la seule question qui vaille : Oui ou non souhaitez-vous voir la France rester dans l’union européenne ? ...Espérons et attendons…

 

---------------------------------------

 

 

 

TROISIÈME SYNTHÈSE

 

 

LE FONDAMENTAL DÉTRUIT

 

 

 

UN PEU D’INTRODUCTION

 

« Le XXIème siècle sera religieux ou ne sera pas. ». Ce célèbre aphorisme dont on ne connaît pourtant ni l’auteur (Malraux a démenti sa paternité) ni la teneur (on hésite entre religieux, spirituel et mystique) fait néanmoins long feu : c’est donc bien qu’il traduit une vérité profonde et un besoin majeur. En effet, à bien y regarder, avec ses peu de mots, il est essentiel car il est un rappel à l’ordre pour ne pas dire à la survie de la vie. Mais comment a-t-on pu en arriver à cette conclusion qui s’affirme de jour en jour comme une évidence ? Qu’a-t-on perdu en route pour que l’esprit occidental ait accouché d’un monde pareil ? Quel est l’intérêt de ceux qui œuvrent à l’écroulement de la société et à la perte d’orientation de ses membres ? Quel est aussi l’intérêt de ceux qui les soutiennent de façon aussi traîtresse qu’incompréhensible ? Quelle est l’analyse de ce délitement que constate avec tristesse et effroi l’énorme majorité silencieuse des citoyens et quels sont leurs souhaits, leurs espoirs et leurs craintes pour le futur, très proche ou plus lointain ? Autant de questions auxquelles il s’agit de tenter d’apporter des réponses urgentes.

 

 

UN PEU DE PASSÉ

 

L’étude de l’histoire de la pensée humaine nous fait remonter au XVIIème siècle duquel, semble-t-il, tout est parti. C’est à cette époque, en effet, que l’on assiste à l’intrusion de la raison comme seule certitude de la connaissance avec René Descartes et son « Cogito ergo sum ». Ce dernier recherchait un principe premier, base de toute connaissance, et il l’a trouvé dans le fait de penser. Il n’a pas tort de raisonner ainsi mais n’est-ce pas, de ce fait, en accordant la primeur exclusive à la raison, laisser en même temps de côté d’autres facettes de la nature humaine et notamment, celle qui est certainement la plus importante et la plus mobilisatrice pour un individu : sa capacité d’aimer et son corollaire : l’immense attente d’être aimé ? On pourrait citer aussi, comme laissés pour compte, l’intuition et le réel inexpliqué.

 

Seyyed Hossein Nasr, philosophe iranien, ancien professeur de philosophie à l’université d’Harvard et actuellement professeur d’études islamistes à l’université George Washington a écrit, dans son ouvrage : « L’Islam traditionnel face au monde moderne » : « Jusqu’à Descartes, c’était l’Être de Dieu qui déterminait la nature humaine et les divers degrés de la réalité. Mais avec le rationalisme cartésien, l’existence individuelle humaine est devenue le critère de la réalité et aussi de la vérité. Dans le courant principal de la pensée occidentale, l’ontologie a débouché sur l’épistémologie, l’épistémologie a débouché sur la logique et finalement, la logique s’est vue confrontée à ces « philosophies » anti-traditionnelles qui prévalent aujourd’hui. ». Je pense que les catholiques peuvent très bien faire leurs cette conclusion et ce constat. A partir de ce tournant radical, que s’est-il passé ?

 

N’oublions pas tout d’abord que la philosophie scolastique, synthèse de la philosophie grecque d’Aristote avec la théologie chrétienne des Pères de l’Eglise, avait eu cours depuis le XIème siècle jusqu’au XVème siècle ; il a fallu attendre le XVIème siècle pour que cette philosophie fût ébranlée par l’Humanisme et la Réforme, son arrêt de mort ayant été signé par la philosophie rationaliste. Cette nouvelle philosophie a ensuite ouvert la voie à trois options de réflexion :

 

- le maintien de la position dualiste de Descartes en vertu de laquelle l’individu est composé d’un corps physique et d’un esprit non physique ;

 

- l’adoption d’une position idéaliste selon laquelle tout dans l’individu est non physique, y compris le corps ;

 

- l’adoption d’une position matérialiste selon laquelle tout dans l’individu est physique, y compris l’esprit.

 

On constate que :

 

- la philosophie moderne, qui a couvert la période comprise entre le XVIIème siècle et le XIXème siècle, a été dominée soit par une conception dualiste, soit par une conception idéaliste ;

 

- la philosophie contemporaine, qui couvre la période qui a commencé au XXème siècle, surtout dans sa deuxième moitié, et continue de nos jours, est marquée par la conception matérialiste.

 

Et c’est bien de ce matérialisme que viennent tous les maux.

 

 

UN PEU DE PRÉSENT

 

Seul ce qui est matière existe et est digne d’intérêt, ce qui a contrario signifie que tout ce qui n’est pas matière n’existe pas et ne mérite même pas que l’on s’y penche. Voilà ce que signifie la nouvelle expression « hors sol » : il est fait en sorte que chaque individu soit ramené à sa propre personne en n’ayant pour seul horizon que son propre nombril et en étant coupé de tout : amputé du temps car il ne doit pas se sentir intégré dans une chaîne évolutive ou rattaché à une tradition : amputé de son passé car on est en train de lui voler son histoire ; amputé de son avenir puisque l’avenir se nourrit de rêve, notion totalement étrangère au matérialisme ; amputé de son sexe puisqu’il va finir fondu dans le creuset « androgynal » du genre ; amputé de son identité car on lui supprime ses racines ; amputé de ses sentiments d’amour, d’amitié ou d’altruisme car seul son plaisir personnel doit compter ; amputé de sa famille, notion bourgeoise et chrétienne qu’il faut à tout prix abattre ; amputé du sens des responsabilités car « après lui le déluge »... et l’énumération pourrait être encore très longue. L’individu du XXIème siècle ne doit absolument plus être un individu pensant mais un individu dépensant. Voilà pourquoi l’école est devenue une arme de destruction massive de la connaissance et du développement de l’esprit critique au service des gouvernants qui semblent avoir une mission à accomplir (aux ordres de qui ?). Voilà pourquoi « l’information » est entièrement muselée et manipulée pour ne diffuser que des « nouvelles » à scandale qui vont « faire le buzz », ou propager des inepties sans nom, ou distiller des mensonges que tout le monde « gobera » car cela aura été « vu à la télé ». Le seul refuge possible, dans ce monde déshumanisé, ne peut plus être la réflexion : il élit donc domicile dans la consommation. Et consommation de tout, de manière totalement compulsive : achat d’alcool, achat de drogues, achat de vêtements, achat de montres, achat de bijoux, achat de voitures, achat de voyages, achat de crédits, achat de gadgets, achat d’objets inutiles… bref, tout ce qui va pouvoir alléger le portefeuille de l’individu en lui donnant l’illusion qu’il existe en dépensant alors que, à grand renfort de campagnes publicitaires, les grands marchands de ce monde s’en mettent plein les poches en les incitant à dépenser toujours plus par la création de besoins purement artificiels : il faut à tout prix éviter que l’individu puisse se comporter en être responsable, réfléchi, raisonnable. Pour ce faire, tout comme on utilise, dans l’agriculture, des produits chimiques hautement toxiques pour éradiquer tout ce qui pourrait entraver la production, de même, pour faire croître l’individu dans la voie qui lui est tracée, on l’isole, on le coupe de tout, on « dératise » autour de lui : il est alors malléable et corvéable à souhait.

 

 

UN PEU D’AVENIR

 

Il n’y a pas trente-six solutions : la perpétuation de la vie de l’homme passe par la recréation de tous les liens dont il a été amputé, tous vitaux et essentiels. Mais ils possèdent tous un dénominateur commun : la transcendance, la spiritualité, le langage du cœur. Pour pallier sa finitude et sa mortalité corporelle, l’homme a un besoin très fort de se projeter dans l’avenir, mais encore faut-il qu’il en ait un ! La société occidentale dans laquelle nous vivons (ou plutôt dans laquelle nous tentons de vivre) a sacrifié toutes les composantes immatérielles de l’homme sur l’autel de l’argent, de la rentabilité, du profit, de la performance, de l’immédiateté. Les dirigeants inconnus de ce monde, qui ne sont certainement pas les marionnettes qui sont élues par l’exercice du suffrage universel au nom du respect d’une pseudo-démocratie, mais bien les très grands financiers, se sont employés, et continuent d’ailleurs plus que jamais, à supprimer tout ce qui fait la particularité de l’être humain : sa capacité à penser et à aimer. Ils traitent l’espèce humaine comme un produit marchand comme un autre, que l’on peut soumettre au diktat du chiffre par le poids, les mesures de toutes sortes, les statistiques, les ratios, les pourcentages…, et tout va continuer en pire si rien n’est fait. Mais ils oublient seulement que l’être humain n’est pas un produit et ne le sera jamais car il est constitué d’un corps matériel certes, mais aussi d’une intelligence immatérielle et d’une âme spirituelle. Et c’est précisément dans cette troisième composante, trop souvent inconnue ou oubliée, que réside la solution de sortie de crise et la voie du salut. Car c’est bien en elle que l’homme se distingue de toutes les autres créatures minérales, végétales et animales puisqu’il possède une capacité unique de faire vivre l’amour et la transcendance. On voit bien tous les jours ce que donne un monde où toute spiritualité a disparu : chacun se reconnaît des droits mais qui parle d’obligations, car l’un ne peut pas aller sans l’autre ? Plus personne ! Chacun erre dans son raisonnement labyrinthique et semble s’y complaire mais qui propose un moyen de sortie de cette prison invisible ? Personne ! Chacun se vautre dans un hédonisme systématique mais qui va dire que cette quête ne débouche que sur la vanité ? Personne ! Chacun devient esclave de ses envies mais qui rappelle que seuls les besoins doivent être assouvis ? Personne ! Les choses sont pourtant simples : puisque l’être humain providentiel n’existe pas qui pourrait initier tous ses congénères à la Sagesse, il n’y a plus qu’un seul remède : l’éducation. Mais encore faudrait-il éduquer les éducateurs. C’est peut-être une entreprise de longue haleine mais il est permis d’espérer. Car l’espoir est précisément ce qui fait défaut de nos jours à tous nos concitoyens qui en ont un besoin immense et pressant. Mais l’espoir en quoi ? Et bien à toute forme de spiritualité, à toute forme d’immatérialité, à toute forme de transcendance. L’homme futur recouvrira-t-il la foi perdue ? La foi en l’homme, la foi en la République, la foi en la Nation, la foi en l’école, la foi en la fraternité, la foi en Dieu… Lorsque nous nous retournons et que nous examinons les vocations extraordinaires des hommes du XIXème siècle, chacun, dans son secteur, n’était pas mû par un narcissisme exacerbé pour réaliser son entreprise mais bien par une motivation transcendantale qui dominait toute son action pour le bien de ses congénères ou de l’humanité tout entière : souvenons-nous de Jules Ferry rendant obligatoire l’école pour tous les enfants et ces instituteurs, appelés les « hussards noirs de la République » par Charles Péguy, qui étaient chargés d’inculquer à leurs élèves… l’amour de la France (comme les temps ont bien changé !) ; souvenons-nous de ces associations de jeunes créées par les communistes pour certaines et par les catholiques pour d’autres, dans lesquelles les personnes chargées de l’encadrement distillaient un ensemble de valeurs qu’ils avaient pour mission de transmettre et de faire appliquer, et même si les idées politiques des membres de ces deux types d’associations étaient aux antipodes, leur langage citoyen, leur langage moral, leurs méthodes vertueuses étaient bien les mêmes : le maire communiste, l’instituteur franc-maçon et le curé catholique avaient tous le même espoir, le même but et la même ambition : éduquer les jeunes et les moins jeunes dans le même creuset de l’honneur de la France, de son Histoire, de ses Grands Hommes. Et ce sont bien ces vertus qu'il conviendrait de faire revivre pour donner du sens à l’avenir de nos contemporains et pour que la Grande France, qui a toujours été telle, ne soit pas atteinte de nanisme puis de disparition à court terme.

 

 

UN PEU DE CONCLUSION

 

« Le XXIème siècle sera religieux ou ne sera pas. » Il s’agit de comprendre ce terme devenu honteux et dérangeant, donc à bannir pour les adeptes des « forces de progrès », sous son acception étymologique latine. En effet, le mot « religieux » vient du verbe latin « religare » qui signifie « relier ». L’homme religieux doit donc être un homme relié à tout et à tous : relié à son passé par la mémoire de ses ancêtres et les leçons didactiques de son histoire ; relié au présent par la force de son sentiment d’enrichissante fraternité envers ses autres congénères, par la vertueuse lutte contre la misère et la salutaire préservation de la nature ; relié au futur par sa foi en la transcendance et l’espoir qu’elle contient intrinsèquement. Tout passe par l’Education des enfants au sein de la famille mais peut-être surtout à l’école mais, pour ce faire, encore faudrait-il encourager une vraie politique de transmission des connaissances et du respect de l’ordre et des règles édictées : serait-ce un crime que de réinstaurer l’uniforme, gommant ainsi les différences de fortune vestimentaire et établissant une égalité au moins visuelle entre tous (tout en protégeant de la salissure !) ? Serait-ce un crime d’interdire dans l’enceinte de l’établissement scolaire et bien sûr, de la classe, non seulement les armes ( !), les drogues ( !), mais aussi les téléphones portables (ô combien perturbateurs et qui devraient tous être déposés dans des casiers dédiés situés immédiatement à l’entrée de l’établissement), les casquettes et tout couvre-chef sauf les jours de pluie ou de froid (qui ne servent à rien si ce n’est à nourrir l’idée de symboliquement appartenir à une caste qui rejette toutes les règles de la société, mode véhiculée par les « quartiers » des grandes villes américaines et propagée dans les nôtres) ? Serait-ce un crime de redonner aux enseignants les moyens de se faire respecter, de faire régner le silence dans leur classe, de ne plus se faire insulter par certains de leurs élèves ou, pire encore, molester par eux ? Serait-ce un crime que de restaurer les cours de morale du matin qui étaient si utiles pour chacun donc, par ricochet, pour la société dans son ensemble ? Serait-ce un crime… ?

 

Comment cimenter une population de soixante-sept millions d’individus sans ciment précisément ? Comment cet édifice peut-il tenir debout si cette masse ne forme pas un corps agrégé mais constitue une simple juxtaposition d’éléments sans liens ? Comment le tout pourrait-il exister sans la solidarité de toutes les parties qui le composent ? Impossible. Alors comment créer du lien, créer des liens ? En redonnant le goût du sentiment patriotique, de l’amour de son pays, de l’appartenance à une Nation, de la certitude de la perpétuation d’une tradition apprise par l’étude et la méditation de l’histoire et, dans tout le panel de particularismes qui constituent notre société française, chacun doit avoir le sentiment d’être « relié », pour certains, et la volonté de se « relier » pour d’autres : le XXIème siècle est vraiment condamné à être « religieux » …

 

Publicité
Les synthèses de Robert
Publicité
Archives
Publicité