LA SAGESSE

Je voudrais m’envoler pour ne plus revenir,

Prendre joie à laisser tout ce qui me déchire,

Dans l’espoir de trouver autant que découvrir

Juste un monde sensé, juste un peu de plaisir…

Je voudrais, pour ce faire, me couvrir de deux ailes

Pour quitter cette terre, pour gagner l’Eternel,

Et laisser la misère dans l’immense poubelle

Puante et délétère, mais autrefois si belle…

Je voudrais me laisser emporter par le vent,

Le sentir me guider, au gré de ses courants,

Dans ce monde éthéré, dans ce monde avenant,

Et pouvoir embrasser tout le grand Firmament…

Je voudrais dépasser les limites du temps,

Tout ce qui est compté, la matière tout autant,

Et l’esprit dévoyé, et le laid, les méchants,

Pour pouvoir profiter d’un grand Cœur rayonnant…

Je voudrais m’éloigner de ce monde fini,

Ce monde pollué, ce monde bien trop gris,

Ce monde torturé, ce monde d’abrutis :

Je voudrais retrouver le vrai Goût de la Vie…

Je voudrais m’efforcer de croire qu’il n’est pas vain

De se laisser rêver, de croire en son destin,

Qu’on peut s’améliorer, aujourd’hui ou demain,

Et pouvoir espérer sentir un mieux, soudain…

Je voudrais tant y croire mais n’y arrive pas…

Je voudrais tant la boire cette Eau de l’Au-delà…

Je voudrais tant la voir cette vraie Beauté là…

Je voudrais tant l’avoir ce Bonheur ici-bas…

Je voudrais, simplement, aimer de tout mon cœur,

Et jouir, tendrement, de petites douceurs,

Mais c’est, certainement, être trop quémandeur :

Il faut, stoïquement, savoir attendre l’Heure…

Robert FAUCHER, le 18 février 2011