JE, TU, IL...
Je pleure les souvenirs de mes amours déçues
Mais pleure plus encore celles que je n’ai pas eues.
Au temple des regrets je me rends, attristé,
Pour offrir quelques larmes en présent au passé.
Tu fais surgir souvent ces sentiments très forts
Qui t’avaient ravi l’âme et possédé le corps,
Par le jeu de la grâce, de la noble vertu,
De cette jouvencelle que tu avais connue.
Il était très timide et bien trop hésitant ;
Il se trouva victime de ses atermoiements ;
Il n’osa pas montrer sa flamme et son ardeur
Et perdit à la fois son honneur et son cœur.
Elle revit dans le vent, sur un beau cheval blanc,
Galopant dans les flots, au soleil déclinant,
Ce garçon apparu d’une façon soudaine
Qui saisit son regard et lui fit perdre haleine.
On est toujours victime des ses propres passions :
On se laisse envahir sans quelque réaction ;
Mais veut-on seulement tenter de résister
A l’amour et son piège qui va se refermer ?
Nous revoyons encore et ressassons toujours
Ces occasions manquées, ces rencontres d’un jour,
Qui portaient en leur sein le plus grand devenir
Que nous n’avons pas vu, faute de le sentir…
Vous refaites l’histoire des amours avortées
Dans les sombres instants des plus mornes journées,
Et trouvez, chaque fois, une issue très heureuse
Aux films repassés, à leur fin ténébreuse…
Ils vivent sous l’emprise de ces courtes idylles
Qu’ils ne peuvent oublier, ligotés par le fil
Qu’Ariane a bien tendu par delà les années
Et dont, leur vie durant, ils seront prisonniers…
Elles ne pourront changer le cours des sentiments
Et pleureront toujours, en rêve, leur amant,
Celui qu’elles ont conquis et puis qu’elles ont perdu
Ou bien celui qu’elles aiment et qu’elles n’ont jamais eu…
On est toujours victime de sa propre illusion :
On se laisse envahir par sa propre passion
Qui va nous enfermer dans sa prison d’amour
En offrant à nos cœurs un aller sans retour…
Robert FAUCHER, le 9 août 2012.