LA GUERRE A COMMENCÉ
La guerre a commencé ? A bas la Vie, vive la Mort… !
La haine peut régner, et la loi des plus forts !
Les armes sont pointées sur les cœurs, sur les corps.
…Ce matin, au dehors, une brise est passée…
La guerre a commencé ? Les démons sont légion !
Il faut tout massacrer sans la moindre exception.
Des enfants ont crié sans la moindre attention.
…Ce matin nous avions la douceur de l’été…
La guerre a commencé ? Arrivent les malheurs… !
Les femmes violées cachent de tristes pleurs.
Des hommes prisonniers sourdent de grandes peurs.
…Ce matin, de bonne heure, le soleil s’est levé…
La guerre a commencé ? Surviennent les tueries !
Les hommes opposés ne sont plus qu’ennemis.
Ils veulent s’attraper pour faire de la charpie.
…Ce matin, dans le nid, un oiseau a chanté…
La guerre a commencé ? C’est bien toujours pareil !
Les champs sont maculés d’un rouge trop vermeil.
Les guetteurs épuisés s’écroulent de sommeil.
…Ce matin, de la treille, une goutte a perlé…
La guerre a commencé ? Alignez les fusils !
Les canons sont parés : au feu l’artillerie !
Ajustez et tirez, surtout pas de merci !
…Ce matin, par ici, un enfant a joué…
La guerre a commencé ? C’est terrible, au secours… !
Plus rien n’est vérité, on vit au jour le jour.
Chacun veut se sauver dans ce compte à rebours.
…Ce matin, alentour, des rires avaient fusé… !
La guerre est terminée ? Doit-on s’en réjouir ?
Que va-t-il se passer ? Sait-on se souvenir ?
Pourra-t-on empêcher un prochain grand délire ?
…Ce matin, pour le pire, un canon a grondé…
Robert FAUCHER, le 28 juin 2009.
Cruauté de la guerre, absurdité des hommes, beauté de la vie ordinaire pourtant, mais pour qui, et pourquoi violer sans cesse l’ordre des choses si simples mais si fragiles, et pourquoi cet oubli systématique des errements du passé, précipitant le présent dans la même inanité ? Vers tressés autour d’un axe composé de triples rimes identiques à chaque hémistiche et à chaque fin de vers, le quatrième inversant, de manière croisée, les sonorités finales des trois rimes qui le précèdent. Hélice d’A.D.N. salvatrice pour l’homme ou destructrice par l’homme ? Petit clin d’œil au « soleil d‘Austerlitz ».